Des chefs d’entreprise appellent à faire « plus d’efforts » en faveur de la présence de femmes à des postes d’encadrement

Des chefs d’entreprise, à l’initiative de la secrétaire d’Etat Agnès Pannier-Runacher, appellent dans une tribune parue dans le JDD à faire « plus d’efforts » en faveur de la présence de femmes à des postes d’encadrement.

Dans une tribune parue dans le JDD, à l’initiative de la secrétaire d’Etat Agnès Pannier-Runacher, des personnalités du monde de l’entreprise appellent à « briser ensemble le plafond de verre » qui empêche les femmes d’accéder à des postes d’encadrement. « Quand il s’agit d’égalité femmes-hommes, nous avons une grande capacité à nous contenter de peu », regrettent ces chefs d’entreprise, qui estiment que « nous avançons trop peu et trop lentement », avec seulement 18% de femmes dans les comités exécutifs des entreprises du SBF 120, indice boursier qui comprend, entre autres, le CAC40. Voici leur tribune.

Quand il s’agit d’égalité femmes-hommes, nous avons une grande capacité à nous contenter de peu. Nous nous félicitons d’être passés de 12% à 18% de femmes en cinq ans dans les comités exécutifs des entreprises du SBF 120. Nous nous réjouissons d’avoir atteint un seuil de huit femmes directrices ­générales et cinq présidentes de conseil ­d’administration ou de directoire dans ces 120 entreprises. Soyons réalistes, nous avançons trop peu et trop lentement.

Notre conviction est que les entreprises qui s’engageront pour ­l’égalité femmes-hommes seront les plus compétitives, les plus attractives et les plus innovantes. Les chiffres ­interpelleront tous ceux qui en doutent encore. Selon l’étude Women Matter ­(McKinsey), les sociétés présentant un comité exécutif paritaire affichent des revenus supérieurs de 55 % en moyenne.

Nous pouvons nous engager à attirer davantage de talents féminins

Les entreprises paritaires sont plus attractives et plus innovantes car elles ouvrent leurs portes aux meilleurs talents. Si pour chaque poste nous ­élargissions le vivier des candidatures de femmes, chaque structure aurait plus de choix pour trouver le candidat ou la candidate qui corresponde le mieux à ses défis. Face à l’argument récurrent de la rareté des talents féminins, ­interrogeons-nous sur les idées reçues. Car il n’y a pas moins de jeunes femmes que de jeunes hommes à la sortie des écoles de commerce ou des universités.

À ce niveau, la parité est presque parfaite. Quant aux écoles d’ingénieurs, la parité n’est pas atteinte, mais n’est-il pas surprenant que les jeunes filles qui ont de meilleures notes que leurs congénères au baccalauréat en mathématiques et en physique soient si peu nombreuses dans les filières scientifiques? Nous pouvons nous engager à attirer davantage de talents féminins et, à court terme, à faire en sorte que la proportion de femmes aux postes dirigeants d’ingénieurs soit au moins équivalente à celle des femmes issues de ces écoles.

Nous nous engageons à publier systématiquement le taux de femmes parmi les postes d’encadrement

Incontestablement, la loi Copé-Zimmermann a fait évoluer la composition des conseils d’administration et de surveillance des grandes entreprises en y instaurant un seuil minimum de 40% d’hommes ou de femmes. Cet impact positif doit désormais se traduire au niveau des comités exécutifs et des postes de direction de ces sociétés. Dans ce domaine, la loi « avenir professionnel » apporte une transparence inédite sur leur performance en matière de parité, et oblige à l’action. Depuis le 1er mars, les entreprises publient ainsi un index égalité femmes-hommes, prenant en compte la place des femmes dans les dix plus hautes rémunérations.

C’est désormais aux chefs d’entreprise de s’en saisir pour en finir avec un plafond de verre qui limite les carrières et cantonne les opportunités des femmes.Nous, chefs d’entreprise signataires, souhaitons prendre deux engagements en ce sens. La première est la publication systématique du taux de femmes parmi les postes d’encadrement qui constituent le vivier d’accès aux plus hautes responsabilités. Ces chiffres seront un aiguillon en interne comme pour nos pairs. Objectivons la réalité du plafond de verre : ce qu’on ne mesure pas n’existe pas.

Nous avons encore ­beaucoup à faire pour réduire les racines profondes, culturelles et éducatives de cette inégalité

La seconde piste consiste, pour les postes d’encadrement et de direction, à nous inspirer de ce que prévoit la loi Pacte pour les mandataires sociaux, en nous assurant que jusqu’au dernier tour d’entretiens il reste au moins une femme, tant pour les recrutements externes que pour les mobilités internes. La femme la plus difficile à nommer, c’est celle qui n’est pas en compétition pour le poste. Dans un premier temps, il nous faudra déployer plus d’efforts, solliciter des idées auprès de nos réseaux et soutenir la progression des femmes au sein de nos entreprises. Nous y ajoutons un message à leur égard : n’ayez pas peur!

L’égalité femmes-hommes, l’autonomie financière des femmes, la capacité des petites filles à se projeter en femmes libres sont à la fois les marqueurs et les aspirations de la société française du XXIe siècle. Nous avons encore ­beaucoup à faire pour réduire les racines profondes, culturelles et éducatives de cette inégalité. Les chefs d’entreprise sont des acteurs pleins et entiers de notre société, nous ne pouvons pas nous cantonner à un rôle d’observateur. La France de demain est aussi celle de nos clients et de nos enfants. Engageons-nous, brisons ensemble le plafond de verre!

Les signataires de cette tribune :

Agnès Pannier-Runacher, Secrétaire d’Etat auprès du Ministre de l’Economie et des Finances ; Marlène Schiappa, Secrétaire d’État auprès du Premier ministre, chargée de l’Égalité entre les femmes et les hommes et de la Lutte contre les discriminations ; Sébastien Bazin, Président-directeur général de Accor ; Sophie Bellon, Présidente du Conseil d’administration de Sodexo ; Christel Bories, Présidente-directrice générale d’Eramet ; Sophie Boissard, Directrice générale de Korian ; Jean-Laurent Bonnafé, Administrateur Directeur général de BNP Paribas ; Philippe Brassac, Directeur général de Crédit Agricole S.A. ; Patrice Caine, Président-directeur général de Thales ; Philippe Darmayan, Président de l’Union des industries et métiers de la métallurgie (UIMM) ; Gonzague de Blignières, co-fondateur de RAISE ; Christel Heydemann, Présidente Directrice Générale Schneider Electric France ; Anne-Marie Idrac, ancienne Ministre, Administratrice de sociétés ; Isabelle Kocher, Directrice générale d’Engie ; Stéphane Richard, Président-Directeur général d’Orange ; Jean-Dominique Senard, Président du Conseil d’administration du groupe Renault ; Philippe Varin, Président de France Industrie et du groupe Orano ; Jean-Louis Bancel, Président du Groupe Crédit Coopératif ; Marie-Anne Barbat-Layani, Directrice générale de la Fédération Bancaire Française ; Luc Charmasson, Président du Comité Stratégique de Filière Bois ; Luc Chatel, ancien ministre, Président de la Filière Automobile et Mobilités ; Jean-Louis Chaussade, Directeur général de Suez ; Anne-Marie Couderc, Présidente du Conseil d’administration d’Air France-KLM ; Kyril Courboin, Directeur général de JP Morgan France ; Marc Darmon, Président du CSF Industrie de Sécurité ; Nicolas Dufourcq, Directeur général de Bpifrance ; Renaud Dumora, Directeur General de BNP Paribas Cardif ; Antoine Frérot, Président-directeur général de Veolia ; Richard Girardot, Président de l’Association Nationale des Industries Alimentaires (ANIA) ; Hervé Guillou, Président-directeur général de Naval Group ; Nicolas Jachiet, Président-directeur général d’Egis ; Pascal Juéry, Président de l’Union des industries chimiques (UIC) ; Laure Lemonnier, Responsable de Deutsche Bank France ; Antoine Lissowski, Directeur général de CNP Assurances ; Eric Lombard, Directeur général de la Caisse des Dépôts ; Thierry Mallet, Président-directeur général de Transdev ; Lucie Maurel Aubert, Vice-présidente de Rothschild Martin Maurel Associés ; Ross McInnes, Président du Conseil d’administration de Safran ; Laurent Mignon, Président du directoire de BPCE ; Virginie Morgon, Présidente du directoire d’Eurazeo ; Frédéric Oudéa, Directeur général de la Société Générale ; Henri Poupart-Lafarge, Président du conseil d’administration et Directeur général d’Alstom ; François Riahi, Directeur général de Natixis ; Augustin de Romanet, Président directeur général du Groupe ADP ; Raoul Salomon, Directeur général de Barclays Bank France ; Nicolas Théry, Président du Crédit Mutuel Alliance Fédérale ; Thierry Tingaud, Président de la filière électronique ; Philippe Wahl, Président-directeur général du groupe La Poste ; Rémy Weber, Président du directoire de la Banque Postale ; Olivier Wigniolle, Directeur général d’Icade ; André Yché, Président du directoire de CDC habitat ; Jean-Bernard Lévy, Président-directeur général du groupe EDF ; François-Henri Pinault, Président-directeur général du groupe Kering.

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