Jean Lain Mobilités, 130 sites répartis entre la Savoie, la Haute-Savoie, l’Isère, l’Ain, le Rhône, la Drôme, l’Ardèche, et les Hautes Alpes, est passé de 26% à 28% de femmes sur plus de 2500 collaborateurs. Leviers de succès avec Nadège Morel, DRH du Groupe Jean Lain Mobilités.
WAVE : Le taux de féminisation des équipes est passé de 26% à 28% en 1 an. C’est une victoire de plus. Qu’avez-vous fait ?
Nadège Morel : Comme je vous le disais en 2023, nous sommes en ordre de marche afin d’être de plus en plus agiles et créatifs pour répondre aux profondes mutations qui chahutent le secteur de la distribution automobile. Et la féminisation de l’entreprise est un des leviers majeurs.
L’évolution positive du groupe en termes de féminisation des équipes, qui nous ravit même si la route est encore longue avant que nous soyons pleinement satisfaits, est le fruit, en plus des actions menées en externe, de profondes opérations menées en interne depuis 18 mois.
WAVE : Est-ce à dire qu’il a fallu convaincre des équipes de la légitimité de la place des femmes ?
Nadège Morel : La première action a été de mettre en place une formation de sensibilisation interne dédiée à tous les directeurs et managers de l’entreprise, tous métiers et services confondus.
En 2h30, ce format percutant lève tous les a priori sexistes délétères et diffuse une culture commune autour des valeurs du groupe, des comportements et du vocabulaire à employer au quotidien. Nous voulons nous assurer qu’aucun des collaborateurs du groupe ne froissent personne ni les collaboratrices ni les clientes.
Ce module est en fait un moyen de rappeler le message, les valeurs et la posture de Jean Lain Mobilités.
WAVE : Vous avez également mené des travaux de fond sur la classification des emplois, élément indispensable selon vous en matière de parité hommes-femmes. Dites-nous en plus !
Nadège Morel : L’égalité professionnelle entre hommes et femmes dans le groupe ne doit pas être un slogan marketing. Pour preuve, nous avons consacré plus de 12 mois à revoir notre système de classification afin de garantir une approche objective et équitable
Cette opération d’envergure s’est traduite en analyses approfondies des grilles de rémunération par échelon pour nous assurer qu’elles soient conformes avec le référentiel des métiers et des compétences de la Convention collective des services de l’automobile. Cela nous permet également de disposer d’un outil permettant d’identifier les éventuels écarts de rémunération et, le cas échéant, de mettre en place des actions correctives.
WAVE : Le respect de l’équité en somme !
Nadège Morel : Oui. Garantir une équité de traitement passe par une méthodologie rigoureuse et des outils de classification robustes ; c’est un préalable indispensable pour garantir une approche objective.
Le risque en matière d’égalité hommes – femmes, c’est le traitement de faveur, c’est-à-dire l’application de rattrapages salariaux par exemple ou des choix d’embauche qui ne seraient pas basés sur des critères objectifs. Cela rendrait nos décisions contestables et peu crédibles, et irait à l’inverse du message que nous portons en matière d’égalité hommes-femmes.
WAVE : Vous vouliez aussi souligner les démarches du groupe auprès des plus jeunes !
Nadège Morel : En effet, un des axes que nous investissons de plus en plus est le jeune public.
Si nous avons toujours accueillis des contrats en alternance et des stagiaires, notamment des jeunes femmes, il nous faut aller plus loin et toucher le public au plus tôt dans leur scolarisation. Aussi, nous renforçons notre présence dans les lycées et les écoles. Pour exemple, nous avons souscrit un partenariat avec le dispositif « 1 collège, 1 entreprise » initié par le Medef et l’Éducation nationale, nous permettant d’intervenir directement auprès des collégiens et collégiennes pour présenter nos métiers de manière non genrée et de casser les stéréotypes.
Toutes ces actions sont des leviers qui permettent de passer des mots aux faits.
WAVE : Et, WAVE fait partie du plan !
Nadège Morel : Tout à fait ! Pour répondre à nos deux défis concomitants – le recrutement et la féminisation des équipes-, Jean Lain Mobilités a reconduit son partenariat avec l’association WAVE qui depuis sa création en 2008 promeut le secteur automobile auprès des femmes.
Nous sommes convaincus que WAVE permettra à la filière automobile de faire bouger les lignes, de casser les codes sclérosants, d’apporter un élan positif… L’association WAVE est un espace unique où les acteurs de la filière peuvent réfléchir ensemble. Le Ensemble est essentiel car seuls, les acteurs ne parviendront pas à changer la culture prégnante.
WAVE : Aux Rencontres Emploi WAVE du 7 novembre 2024, vous allez certainement rencontrer des profils hors secteur automobile. Est-ce un frein ?
Nadège Morel : Pas du tout ! Au contraire ! N’oubliez pas que Jean Lain Mobilités est une entreprise familiale qui depuis sa création en 1966 ne cesse de se réinventer afin de vivre avec son temps et de satisfaire aux attentes des clients, particuliers comme professionnels. Année après année, le groupe s’est réinventé pour proposer aujourd’hui la vente de VN/VO (y compris de prestige), la maintenance réparation, la location de véhicules, l’assistance, l’assurance, des offres de mobilité urbaine…
De fait, seule la richesse issue de la conjugaison de points de vue différents compte. En cela, les profils issus d’autres secteurs apportent des idées et des best practices profitables. Et, pour les accompagner dans cette reconversion, le groupe a créé des Academy qui prodiguent des formations sur les métiers phares de l’entreprise. Le dispositif a fait ses preuves car nous avons recruté de nombreux profils qui n’étaient pas issus de la filière automobile tels des conseillers immobiliers.