Sur dix ans, un indice avec les 15 entreprises les plus féminisées a augmenté de 60 %.
La performance d’une entreprise en Bourse : une question de genre ? Il semblerait que oui, si l’on en croit l’Observatoire de la féminisation des entreprises créé en 2007 par Michel Ferrary, chercheur affilié à la Skema Business School et professeur à HEC de l’université de Genève. Une stratégie d’allocation d’actifs peut être socialement responsable et rentable si elle est basée sur le critère de la féminisation des entreprises. La preuve par les chiffres : les actions des entreprises dont plus de 35 % des cadres sont des femmes font beaucoup mieux sur les marchés financiers que le CAC 40. Et ce, à long terme comme à moyen terme. Sur dix ans, de 2006 à 2016, l’indice Femina, qui regroupe les 15 entreprises les plus féminisées du CAC 40, a progressé de près de 60 %, là où l’indice phare de la place de Paris a, lui, reculé de 4,43 %. De 2011 à 2016, les chiffres sont tout aussi éloquents. L’écart entre les deux indices atteint 23 points de base avec un Femina Index en hausse de 40,76 %.
En savoir plus sur Les Echos.fr
Cet indice est composé de 15 groupes français. Parmi eux, quatre valeurs du luxe ( Hermès, Kering, L’Oréal, LVMH), quatre financières ( AXA, BNP Paribas, Natixis, Société Générale), deux valeurs de la communication ( Publicis, Vivendi), une de l’agroalimentaire ( Danone), une du tourisme ( Accor), une de la santé ( Sanofi), une de la grande distribution ( Casino) et une des services ( Sodexo).
Un facteur de motivation
Comment expliquer la surperformance de ces valeurs boursières ? Pas par un risque plus élevé, en tout cas. Car le coefficient bêta (qui mesure la volatilité par rapport au marché) de cet indice est comparable à celui du CAC. La performance tiendrait plutôt à la diversité des équipes. Recruter plus de femmes élargit la taille du marché des ressources humaines et accroît la probabilité de meilleures recrues. Par ailleurs, la moitié des consommateurs sont des consommatrices. Avoir plus de femmes cadres permet de mieux comprendre leurs attentes. Et puis la promotion de femmes managers constitue aussi un facteur de motivation pour l’ensemble des femmes de l’entreprise.
Et les entreprises qui comptent des femmes dans les plus hautes instances de gouvernance font-elles mieux que les autres ? Non. Il n’y a pas de corrélation entre le pourcentage des femmes présentes dans les comités de direction et le pourcentage de femmes cadres. S ur les 733 membres des comités de direction dans les 60 plus grandes entreprises (CAC 40 et Next 20), 86 sont des femmes, soit 11,73 % des effectifs. Certains groupes employant plus de femmes cadres que la moyenne ont très peu de femmes dans les comités de direction, voire aucune.