Pourquoi la rentabilité de PSA a progressé plus vite que celle de Renault

 

Avec une marge opérationnelle pour la division automobile à 6,8%, le groupe PSA apparaît sur ce premier semestre comme nettement plus rentable que le groupe Renault à 4,7%. A y regarder de près, le leadership de PSA est moins net.

PSA comme Renault ont annoncé pour le premier semestre un niveau de rentabilité record. La marge opérationnelle pour l’activité automobile est à 6,8% (soit 1,3 milliard d’euros) pour le groupe PSA et à 4,7% (soit 1,12 milliard d’euros) pour le groupe Renault. Elle progresse pour PSA de 1,8 point (5% au premier semestre 2015) et pour Renault de 1,5 point (3,2% au premier semestre 2015).

Avec son redressement spectaculaire suite au plan « Back in the Race », PSA affiche une rentabilité de son activité automobile meilleure que celle de Renault. C’était le cas sur l’ensemble de l’année 2015 (*) et cela le reste pour ce premier semestre.

Exprimée en pourcentage du chiffre d’affaires, si la marge opérationnelle s’améliore de manière spectaculaire chez PSA c’est en partie grâce à la baisse du chiffre d’affaires (-1,1%, à 19,19 milliards d’euros) montrant les résultats de « l’efficience opérationnelle » chère à Carlos Tavares qui fait la chasse au chiffre d’affaires non rentable.

A l’inverse, le chiffre d’affaires automobile de Renault est en forte hausse (+14,3% à 24 milliards d’euros, soit 3 milliards de mieux). Et si sa rentabilité s’améliore, cette croissance est moins spectaculaire que pour PSA.

En valeur, la marge opérationnelle de Renault progresse cependant deux fois plus (+64,8%, soit une hausse de 441 millions d’euros) pour atteindre 1,12 milliard d’euros que celle de PSA (33,6%, soit une hausse de 328 millions d’euros) qui atteint 1,3 milliard d’euros.

Rapportée aux volumes de ventes, la marge opérationnelle de PSA représente 844 euros par véhicule et celle de Renault 715 euros par véhicule, soit un écart de 129 euros/véhicule.

Si l’on regarde les résultats, hors Chine pour PSA (**) puisque le résultat des coentreprises est intégré dans le résultat net, la marge opérationnelle monte à plus de 1 000 euros/véhicule (1 044 euros).

La croissance des volumes en Europe, point fort de Renault

La bonne santé financière de PSA et Renault sur ce premier semestre doit beaucoup à la reprise de leurs ventes en Europe, où les deux groupes pèsent sensiblement le même poids. Et c’est particulièrement vrai pour Renault. Comme l’a souligné Clotilde Delbos, directrice financière de Renault lors de la présentation des résultats financier : « Il convient de noter que nous avons bénéficié d’une conjoncture économique particulièrement favorable sur l’Europe notre principal marché. »

Même si les deux constructeurs ne donnent pas de détails sur leur rentabilité par zone géographique, on sait traditionnellement que leur rentabilité est nettement plus élevée sur leur marché domestique. Sur cette zone, leurs ventes sont en hausse de 14% pour Renault à un peu moins de 1 million d’unités (968 603 exactement) et de 7,4% pour PSA à un peu plus de 1 million (1 055 875 exactement).

Dans les comptes, cette dynamique volume a eu un impact nettement plus important pour Renault que pour PSA. En effet, Renault annonce pour les volumes un impact positif sur sa marge de 614 millions d’euros (y compris les ventes aux partenaires) tandis qu’il est de 127 millions d’euros pour le groupe PSA.

L’exposition internationale de Renault impacte négativement ses résultats

Parmi les éléments qui expliquent la meilleure performance de PSA, il y a aussi, le poids nettement plus important des ventes en Europe dans l’activité de PSA (68%) que de Renault (62%).

Si on compare les deux groupes hors Chine (dont l’activité ne figure pas dans la marge opérationnelle, mais en intégration dans le résultat net), l’international ne représente que 15,4% des volumes  de PSA, contre 38% chez Renault répartit sur quatre régions avec 13% des volumes en Afrique Moyen-Orient Inde Iran, 10,5% en Eurasie (Russie et Turquie), 4% en Asie Pacifique (Corée essentiellement avec RSM) et 10% en Amérique Latine.

Dans l’évolution de la marge opérationnelle des deux groupes on en trouve la concrétisation avec l’impact des devises qui est nettement plus important pour Renault avec un effet négatif de 432 millions d’euros (Peso argentin, Rouble russe et Livre sterling), tandis qu’il est négatif de 315 millions d’euros pour PSA (Livre sterling et peso argentin).

Des réductions de coûts chez PSA

C’est sur les réductions de coûts que se fait la principale différence entre les deux groupes sur ce premier semestre. Ainsi, pour  les achats, les coûts de production et les coûts fixes, PSA annonce une amélioration de 614 millions d’euros de sa marge opérationnelle, dont une économie de 183 millions d’euros pour les frais généraux et 431 millions pour les achats et production.

« Ces gains sont particulièrement élevés et montrent que nous sommes en rattrapage pour rejoindre les meilleurs bench de l’industrie. Sur ces 435 millions d’euros on peut dire que la moitié vient de gains achats, qui sont des gains récurrents, un quart vient des progrès réalisés dans la productivité de nos usines et un quart vient des économies techniques, c’est-à-dire les améliorations que nous apportons sur le produit pour réduire son coût de production », a précisé Jean-Baptiste de Chatillon, directeur financier du groupe PSA.

Sur ces mêmes postes Renault présente une amélioration de seulement 116 millions d’euros : les gains que le constructeur continue de faire sur les achats (296 millions d’euros au premier semestre) ont été largement diminués par la hausse des coûts de production/logistique (116 millions d’euros d’impact négatif) et la hausse des frais généraux (64 millions d’euros d’effet négatif). A cela s’ajoute une hausse des coûts de R&D qui a réduit la baisse des coûts à seulement 58 millions d’euros au premier semestre.

 

Cette hausse des coûts de production et des frais généraux dans les comptes de Renault est liée en partie « à des frais de démarrage plus élevés que d’habitude en raison du nombre de lancements » précise le constructeur dans son rapport semestriel. Ces coûts de démarrage ne devraient pas se retrouver dans les comptes du deuxième semestre et la directrice financière de Renault a précisé que la baisse des coûts devrait être de 350 millions d’euros sur l’ensemble de l’année, soit près de 300 millions d’euros au deuxième semestre après les 58 millions de ce premier semestre.

PSA qui prévoit 121 nouveaux lancements à travers le monde au cours des six prochaines années, avec l’arrivée de huit nouveaux véhicules dès 2016 devrait aussi voir augmenter les coûts liés à ces lancements probablement dès le second semestre. Sur l’ensemble de l’année on pourrait voir entre les deux groupes une différence moins importante.

 

Florence Lagarde

http://www.autoactu.com/pourquoi-la-rentabilite-de-psa-a-progresse-plus-vite-que-celle-de-renault.shtml

(*) Sur l’ensemble de l’année 2015, la marge opérationnelle de l’activité automobile de PSA a été de 5%, celle de Renault de 3,5%. En 2014, la marge opérationnelle de l’activité automobile de PSA était de 0,2% et celle de Renault de 2,2%.

(**) Soit un volume de vente de 1 247 697 unités au premier semestre sur un total de 1 544 204 unités

 

 

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