A contre-courant de la prise de parole post-Weinstein, certaines femmes vont jusqu’à se revendiquer antiféministes.
Un article par Barbara Krief du NouvelObs.
Lire l’article au complet ici https://tempsreel.nouvelobs.com/rue89/nos-vies-intimes/20171213.OBS9227/ces-femmes-sont-antifeministes-elles-nous-disent-pourquoi.html
Peut-on être une femme en France en 2017 et ne pas être féministe ? Ces derniers temps, comme on s’interroge sur la sincérité des hommes qui disent l’être, on en oublierait presque que des femmes maintiennent volontiers une distance de sécurité avec l’adjectif.
A contre-courant de la prise de parole post-Weinstein, elles se revendiquent encore et toujours non-féministes ou même antiféministes. Que pensent-elles ?
Sémantiques
« Je n’ai pas besoin du féminisme parce que… », « Je ne suis pas une victime », « Je ne suis pas supérieure aux hommes », « Les hommes aussi se font violer »… De Twitter à Facebook en passant par Tumblr, les « WomenAgainstFeminism » (les femmes contre le féminisme), déclinent depuis 2014 les dizaines de raisons qui les poussent à ne pas embrasser ce qu’elles appellent le « féminisme moderne ».
Les Françaises qui se défendent d’y toucher brandissent les mêmes formules. Pourtant à un moment ou à un autre, tout aussi non-féministes soient-elles, elles assurent être « évidemment » pour « l’égalité ». C’est le cas de Mathilde, 28 ans, « le cul entre deux chaises » selon sa propre analyse :
« Bien sûr que je suis pour l’égalité entre les hommes et les femmes, mais je ne suis pas féministe. »
C’est un brin contradictoire si l’on s’en tient à la définition du Petit Robert, dans lequel on peut lire que le féminisme est « l’attitude des personnes qui souhaitent que les droits des femmes soient les mêmes que ceux des hommes ». Mais il y a un dégoût du mot.
Non-féministe revendiquée, Armelle, ancienne attachée parlementaire de 55 ans que nous interrogions sur le sujet nous a d’ailleurs demandé : « Au juste, qu’est-ce que vous entendez par ‘féministe’ ? » Avant de poursuivre :
« Si ça veut dire être pour l’indépendance des femmes, contre les violences qui leur sont faites, alors ‘oui’, je suis féministe. Mais je ne dirais jamais ça, parce qu’aujourd’hui, être féministe ce n’est pas ça. C’est être anti-homme et être énervée. »
C’est le fameux et très répandu « je ne suis pas féministe mais… », explique Anne-Cécile Mailfert, présidente de la Fondation des femmes et ancienne porte-parole d’Osez le Féminisme.
La féministe attribue ce rejet du mot « aux représentations péjoratives que la société a des ‘féministes’ qui ne souhaitent en réalité rien de plus qu’être l’égal des hommes, en droit et en fait ».
Une gêne sémantique que l’on retrouve d’ailleurs chez plusieurs actrices et réalisatrices françaises que le mot « féministe » met mal à l’aise. Catherine Deneuve, Juliette Binoche, Marion Cotillard, Isabelle Huppert, Sandrine Bonnaire ou encore Maïwenn Le Besco (qui défend elle aussi cette même méritocratie), toutes refusent le terme, mais pas forcément les idées.
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