Métaphore poussiéreuse ou réalité, les femmes sont-elles encore freinées dans le monde professionnel ?
Selon Pascale Anderson Mair, vice-présidente des ressources humaines chez Heidrick & Struggles, certains métiers favoriseraient plus l’ascension professionnelle, des métiers prestigieux ou “nobles” tels que l’ingénierie, alors que d’autres, comme ceux des ressources humaines, ne proposeraient pas d’évolution aussi prestigieuse.
Quels sont les facteurs qui maintiennent ce plafond de verre si bien en place ?
1. Pascale Anderson Mair considère que les femmes auraient plus tendance à se tourner vers des métiers dits “fonctionnels”, comme par exemple les ressources humaines ou la communication, qui ne permettent pas, ou rarement, d’accéder aux postes de direction. Les hommes, eux, se tourneront plus facilement vers des postes dits “opérationnels”, susceptibles de les hisser en haut de l’échelle hiérarchique.
2. Elle ajoute que “les codes du milieu du travail restent principalement masculins” : réunions tôt le matin ou tard le soir, ne facilitant pas les obligations familiales ; télétravail mal perçu et encore trop rare ; et un employé qu’on ne voit pas travailler ne travaille pas, dans l’imaginaire collectif. “Il faut passer d’une culture du présentéisme à une culture du résultat”, presse Pascale Anderson Mair.
3. La vie de famille et la vie professionnelle restent “deux carrières difficiles à allier”. Aujourd’hui encore, la majorité des parents considère normal de dédier la charge familiale aux mères des enfants.
4. Les congés parentaux sont encore inégaux en France. Pour les papas, le nombre de jour de congé parental est encore bien inférieur à celui des mamans, avec seulement 14 jours proposés, contre 4 mois en additionnant les congés prénataux et postnataux des jeunes mères. De plus, pour les papas, ces congés ne sont pas obligatoires, ce qui accentue le déséquilibre et diminue l’implication des pères dans leur foyer, chargeant d’autant plus les mères.
5. “Les femmes ont tendance à être moins exigeantes que les hommes”, ajoute l’experte, et ce, tant dans la manière dont elles estiment et négocient leur salaire, que dans leur capacité à réseauter, comme nous le disait Claudine Schmuck du cabinet Global contact ou à prendre connaissance de leurs droits.
6. Le facteur sociologique ne peut être ignoré. L’éducation pousse les petites filles à être obéissantes, conformistes et les petits garçons à être ambitieux et sûr d’eux, dès leur plus jeune âge. Arrivés en études supérieurs, les filles auront tendance à moins choisir les filières prestigieuses, se considérant inférieures à leurs camarades masculins et inadaptées à ces cursus, comme l’explique Delphine Martinot, professeure à l’université de Clermont-Ferrand et chercheuse au laboratoire de psychologie sociale et cognitive (Lapsco), dans une interview du vidéaste Psynect.
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