Groupes cotés: où sont les femmes ?

La féminisation des instances dirigeantes des groupes français se situe actuellement au même niveau qu’en 2010, souligne une étude inédite de Proxinvest. L’évolution est particulièrement lente au sein du CAC40.

http://www.lopinion.fr/edition/economie/groupes-cotes-sont-femmes-98995

En dépit de politiques parfois volontaristes, le plafond de verre reste une réalité. Une enquête du bureau d’études Proxinvest souligne la très faible proportion de femmes « mandataire social dirigeant » au sein des entreprises françaises cotées. Après avoir progressé il y une dizaine d’années, le chiffre stagne en dessous de 8 %, et nettement moins pour les seuls groupes du CAC40. L’entrée de Sodexo dans l’indice lundi ne change pas la donne : Sophie Bellon préside le groupe, mais la direction exécutive reste dans les mains de Michel Landel.

On ne naît pas « pdgère », on le devient, aurait pu écrire Simone de Beauvoir. Mais la route est longue. A la tête des 300 groupes cotés auscultés par le bureau d’études Proxinvest, on trouve aujourd’hui 3,5 % de femmes « premiers dirigeants », patron exécutif et véritable numéro 1, qu’elles soient PDG, directrice générale ou présidente du directoire. Le solde, si l’on peut dire, est le fait de la gente masculine, soit en moyenne une femme pour vingt-sept hommes!

Ce chiffre résume bien l’enquête de Proxinvest, intitulée: « Existe-t-il un plafond de verre pour les femmes dirigeantes en France ? ». La réponse est dans la question, ce n’est pas une surprise. Mais la très faible représentation féminine aux plus hauts postes des entreprises laisse pantois, même si quelques progrès ont eu lieu ces dernières années.

La part des femmes « dirigeantes » – un concept plus large que celui de « premier dirigeant » puisqu’il inclut les directeurs généraux délégués et les membres du directoire – a de fait doublé en dix ans. Elle est passée de 3,78 % en 2005 à 7,87 % l’an dernier. Mais après une poussée encourageante entre 2005 et 2007, cette progression s’est nettement ralentie et la place des femmes oscille depuis cette date entre 6,5 % et 7,8 %.

Loi Copé-Zimmermann. « L’obligation pour les entreprises de compter 40 % de femmes dans leur conseil d’administration en 2017, comme le prévoit la Loi Copé-Zimmermann, va-t-elle faire évoluer les choses, s’interroge Loïc Dessaint, directeur général de Proxinvest. Cela va-t-il peser sur les futurs recrutements et permettre de faire progresser vers 15 % ou 20 % le poids des femmes dirigeantes ? La question est ouverte ».

Elle l’est tout particulièrement pour le CAC 40, qui n’est pas à la pointe de la modernité dans ce domaine, c’est un euphémisme. A quelques mois du couperet de la Loi Copé, les poids lourds français accélèrent certes la féminisation de leurs conseils. En témoigne l’entrée cette année de Clara Gaymard, ex-patronne de General Electric France aux « board » de LVMH, Bouygues et Danone, après celui de Veolia l’an dernier. Mais, si en moyenne, les conseils d’administration du CAC40 comptent actuellement un peu plus d’un tiers de femmes, seules 4,11 % des mandataires sociaux dirigeants le sont aussi.

Serait-ce lié à la pesanteur des principes et des traditions dans des entreprises dont la moyenne d’âge est de 105 ans, comme le rappelait récemment Emmanuel Macron ? Chez Proxinvest, on y voit surtout un effet taille, en soulignant que « les grandes entreprises se montrent statistiquement plus réfractaires à l’ouverture de ces postes à des femmes ». De fait, le taux atteint pratiquement 10 % pour les sociétés moyennes du SBF 250 (hors SBF 120).

Etape symbolique. Hasard ou signe précurseur, c’est néanmoins Engie, le groupe au conseil le plus féminin du CAC40 – elles sont 11 sur 19 administrateurs, soit un taux de 58 % – qui s’apprête à franchir une étape symbolique avec la nomination en mai d’Isabelle Kocher au poste de directrice générale. De même qu’Anne Chopinet a incarné pendant des décennies l’entrée des femmes à Polytechnique, la future patronne du géant des services énergétiques devrait personnifier pendant un bon moment la première « executive woman » de l’indice français. Même si elle est privée du titre de PDG que détient actuellement Gérard Mestrallet, le groupe ayant opportunément décidé de scinder la fonction de président et de directeur général.

La France est en retard. Aux États-Unis, 4 % des « premiers dirigeants » (chief executive officer) de l’indice S&P500 sont des « premières dirigeantes », c’est un peu mieux. La dernière étude annuelle du cabinet Grant Thornton, « Women in business », indique pour sa part que les femmes sont plus présentes cette année aux niveaux hiérarchiques les plus élevés du monde des affaires, avec un taux de 24 % au niveau mondial contre 22 % l’an dernier. Mais derrière l’étendard des Marissa Mayer (PDG de Yahoo !), Mary Barra (DG de General Motors), Lynn Good (Duke Energy) ou Marillyn Hewson (Lockheed Martin), le deuxième sexe a encore du chemin à parcourir.

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