Le travail dans dix ans : ce qu’en pensent les femmes
Le travail dans dix ans : ce qu’en pensent les femmes

Comment les femmes actives s’imaginent-elles dans dix ans ? Et quel regard portent-elles sur les changements en cours dans le monde du travail (numĂ©risation, robotisation, etc.) ? C’est ce que rĂ©vèle le grand sondage rĂ©alisĂ© par IPSOS, comme chaque annĂ©e, pour le Forum ELLE Active de Paris. DĂ©couvrez trois chiffres en avant-première, commentĂ©s par la directrice gĂ©nĂ©rale de l’institut de sondage : Dominique LĂ©vy-Saragossi.

> Dans dix ans, les femmes imaginent qu’elles seront encore plus fatiguées qu’aujourd’hui, quand elles songent à leur vie professionnelle (54 %).
Dominique LĂ©vy-Saragossi. Je me suis replongĂ©e dans l’étude que nous avions rĂ©alisĂ©e pour le premier ELLE Active, il y a quatre ans : 82 % des femmes se dĂ©claraient alors fatiguĂ©es Ă  la fin d’une journĂ©e de travail. Ce constat n’est donc pas nouveau, et il est notamment Ă  lier aux doubles journĂ©es que les femmes continuent d’accomplir, puisque ce sont toujours elles qui s’occupent principalement des enfants et des tĂ¢ches domestiques. Mais ce que nous disent aussi les chiffres, c’est que, aujourd’hui, le travail gĂ©nère d’abord de la fatigue, du stress et de la dĂ©ception… MĂªme si les Français, hommes et femmes, disent s’y investir. Et ce constat se vĂ©rifie d’autant plus pour les femmes, qui, en outre, sont très pessimistes quant Ă  l’augmentation de leur rĂ©munĂ©ration. Ajoutez Ă  cela les dĂ©bats actuels sur le temps de travail, l’intensification du management par objectifs, et la conscience qu’il va falloir s’adapter aux changements en cours, au nom d’un futur encore assez incertain, et vous comprendrez pourquoi les femmes, notamment, ne se montrent pas très optimistes quant Ă  leur futur niveau de fatigue !

> Selon 20 % des femmes, il est probable et souhaitable que, dans dix ans, la plupart des entreprises n’imposent plus d’horaires de travail à leurs salariés : chacun sera libre de travailler quand il le souhaite, à condition de faire son travail.
Dominique LĂ©vy-Saragossi. La flexibilitĂ© au travail est une demande rĂ©currente des femmes. Ce que ces chiffres racontent, c’est qu’elles veulent que cela arrive, mais elles n’y croient pas. Parce qu’elles voient bien qu’aujourd’hui, le prĂ©sentĂ©isme, c’est-Ă -dire le fait dâ€™Ăªtre jugĂ© davantage sur le nombre d’heures passĂ©es au bureau que sur ses rĂ©sultats, reste un fondement de la relation entreprise/salariĂ©s. Et que malgrĂ© les aspirations, qui viennent souvent de cadres, Ă  des conditions de travail plus souples, plus adaptables en fonction de chacun… on n’en est pas encore lĂ .

> Selon 59 %  des femmes, il est probable mais pas souhaitable que, dans dix ans, les frontières horaires entre la vie privée et la vie professionnelle s’effacent.
 Dominique LĂ©vy-Saragossi. C’est toute l’ambiguĂ¯tĂ© qui ressort de cette Ă©tude : les Français veulent plus de flexibilitĂ©, mais aussi plus de protection. C’est d’ailleurs intĂ©ressant de voir que c’est exactement le ton des dĂ©bats actuels autour de la loi El Khomri. Ce que cela montre aussi, c’est une certaine mĂ©fiance vis-Ă -vis des entreprises et du travail : comme si les opportunitĂ©s qui allaient s’ouvrir en termes de flexibilitĂ© allaient forcĂ©ment se faire au dĂ©triment des salariĂ©s, et pas Ă  leur bĂ©nĂ©fice. Les Français, et notamment les plus jeunes et les femmes, semblent prĂªts Ă  s’adapter (changer de job, se mettre Ă  son compte, etc…). Mais ils s’interrogent sur les modalitĂ©s de ces changements.

A l’occasion du Forum Elle Active qui se déroulera les 8 et 9 avril 2016 à Paris et qui aura pour thème le travail des femmes dans 10 ans, Ipsos a interrogé 2023 personnes, hommes et femmes, constituant un échantillon représentatif de la population des actifs français de 18 ans et plus. Ils ont été interrogés sur Internet, du 1er au 9 mars 2016.